Estela, bistronomie new yorkaise à la mode méditerranéenne !
Si à New York, Brooklyn offre aujourd'hui un incroyable réservoir de belles tables dans l'air du temps, le quartier de Nolita - pour "North of Little Italy", un quartier du sud de Manhattan qui s'étend à l'est de SoHo, au sud de NoHo, à l'ouest du Lower East Side, et au nord de Little Italy et Chinatown - n'est pas en reste avec une multitude de bars et restaurants qui s'y sont installés depuis le milieu des années 90. Parmi ces nombreuses adresses appréciées des yuppies, hipsters et autres bobos branchouilles, on trouve Estela, une table qui a fait beaucoup parler ces derniers mois suite à sa nomination aux James Beard Awards au titre de meilleur restaurant de New York ainsi qu'à la venue hyper médiatisée en septembre dernier du couple Obama. Retour sur un dîner dans ce restaurant phare de la bistronomie/gastropub à New York que l'on pourrait comparer à Paris avec des néobistrots comme Septime, Frenchie ou autre Richer.
Les propriétaires
Thomas Carter et Ignacio Mattos (photo : ny.eater.com)
Ouvert en juin 2013, Estela est la propriété de Thomas Carter et d'Ignacio Mattos. En charge du service et des boissons (vins, cocktails...), Thomas Carter a été pendant 6 ans le sommelier de la table étoilée Blue Hill dans Greenwich Village après être passé chez Alain Ducasse (Essex House) et d'autres tables new-yorkaises comme Le Bernardin, Mercer Kitchen et Union Pacific. C'est au détour d'une rencontre avec un fournisseur de truffes que le chemin de Thomas Carter a croisé celui de son futur associé Ignacio Mattos, un jeune chef originaire d'Uruguay. Formé par le chef argentin Francis Mallman et par la papesse du locavore Alice Waters (Chez Panisse à Berkeley), Ignacio Mattos s'est fait connaître pour sa cuisine très personnelle autour des produits de saison. Distingué en 2012 par le magazine américain "Bon Appétit" comme "tastemaker" (faiseur de goût), il exerça ses talents dans le restaurant new-yorkais Il Buco - où son travail fut récompensé par une nomination aux James Beard Award (meilleur nouveau restaurant de l'année) - avant de créer Estela avec son compère Thomas Carter. Côté sucré, il n'y a pas de chef pâtissier résident chez Estela. Thomas Carter et Ignacio Mattos ont fait le choix de s'appuyer sur les conseils d'un ancien chef pâtissier de Blue Hill, Alex Grunert, pour développer la carte.
Le cadre & l'ambiance
La salle (photo : Estelanyc.com)
Installé sur East Houston Street, Estela offre un cadre de bistrot somme toute assez classique pour les français que nous sommes avec comptoir à l'entrée, tables et chaises en bois, murs de briques et luminaires suspendus sphériques. La salle propose une cinquantaine de couverts dans une ambiance conviviale, jeune et décontractée. Le seul problème, c'est que l'américain a la voix qui porte, d'autant plus quand les cocktails ou le vin commencent à faire leur effet ! Dès notre installation à la table, nous nous sommes même demandés si nous allions rester tant le bruit était excessif, à la limite du supportable !
L'accueil & le service
L'accueil est à l'américaine avec la cordialité et les sourires qui s'imposent. Le service est correct mais m'a paru en deça de ce à quoi les américains nous ont habitué (pourboires obligent!). Ça va à l'essentiel mais ça reste distant et plutôt expéditif !
La cuisine
Entre néobistrot et cave à manger, Estela propose une cuisine aux fortes influences méditerranéennes. Quand on sait qu'Ignacio Mattos est originaire d'Uruguay, on ne peut s'empêcher de faire le lien entre sa cuisine et l'importance de l'influence méditerranéenne sur la cuisine de ce petit pays d'Amérique du Sud. Chez Estela, il élabore une cuisine de produit quasi ménagère qui oscille entre Italie, Espagne, Maroc ou encore France autour de plats conçus pour être partagés à la façon des tapas espagnols. Si pour les Etats-Unis, les portions paraissent plutôt maigres, elles conviendront parfaitement à nos petits estomacs d'européens !
Au menu
Jambon de Virginie et olives (photo : Estelanyc.com)
Pour bruncher (samedi et dimanche midi) ou pour dîner (7/7), la carte s'articule autour d'une courte sélection d'entrées (ex : croquettes de pommes de terre et de morue avec aïoli (13$), jambon Olli de Virginie (15$), pickles de carotte (8$)...), d'une douzaine de plats (ex : 1/2 douzaine d'huîtres/yuzu kosho, une sauce japonaise à base de zeste de yuzu et de piment (21$), tartare de bœuf/topinambour (16$), Burrata/salsa verde/pain grillé (17$), espadon/poires/céleri/pistaches (24$), Caille/oignon vert/orties/lard (23$), lotte/choux de Bruxelles/avocat/haricot (29$)...) et de quelques desserts dont une Panna cotta (10$), un gâteau au chocolat et crème fouettée (10$) ou encore une crème glacée au panais, chocolat et caramel (12$). La carte des vins propose environ 200 références principalement européennes et notamment françaises avec quelques champagnes (ex : Philipponnat "Clos des Goisses", Bérêche et Fils "Campania Remensis" Rosé...), des vins de la Loire (ex : Montlouis-sur-Loire, Domaine La Grange Tiphaine "Clef de Sol" 2012...), d'Alsace (ex : Albert Boxler "Brand" Riesling, Grand Cru 2011...), du Jura (Château-Chalon 2007 d' André et Mireille Tissot...) sans oublier bien sûr des vins de Bourgogne très appréciés des américains (ex : Chablis "Vaillons – Les Minots" 1er Cru 2013 de Patrick Piuze, Puligny-Montrachet "Les Folatières" 1er Cru 2008 de Jean-Michel Gaunoux...).
Retour sur un dîner en photos...
Burrata/salsa verde/pain carbonisé (17$). Un petit tour en Italie avec cette entrée fraîche et gourmande. Onctueuse et crémeuse, la burrata s'associe à merveille à la salsa verde (sauce typique du Piémont), qui apporte goût et peps, et aux notes brûlées du pain.
Endives, noix, anchois et Ubriaco Tramonto Rosso (16$). On reste en Italie avec une salade simple mais terriblement goûteuse et efficace avec l'association endives/noix et le caractère apporté par l'anchois et l'Ubriaco Tramonto Rosso (fromage de vache italien).
Côtes d'agneau au miel et charmoula (21$). Un détour par le Maghreb avec des côtes d'agneau (on parlera plus de ribs aux Etats-unis) marinées au miel et à la charmoula, un mélange d'épices assez relevé (en général : persil, ail, poivre noir, piment séché, paprika et huile d'olive). Un sucré/salé/épicé qui fonctionne très bien avec l'agneau goûtu, à la fois confit et caramélisé.
Ravioles de ricotta aux champignons et Pecorino sardo (24$). Retour en terres transalpines avec un plat léger et fin avec un pecorino assez doux.
Porc, figues, oignons et blé précuit (12$). Simple et savoureux !
Crème glacée au panais, chocolat et caramel (12$). Un dessert original tout en rondeur !
Sorbet fraise, rhubarbe et meringue au thé vert (12$). Un dessert plus acidulé avec le mariage de saveurs éprouvé fraise/rhubarbe.
J'ai aimé
- Une cuisine simple avec une pointe d'originalité qui est parfaitement maîtrisée (cuissons, assaisonnements, jeu de textures, équilibre des saveurs...).
- Des tarifs très corrects.
J'ai moins aimé
- Si l'ambiance est assez détendue, le bruit est parfois à la limite du supportable !
- Un service sans réel relief contrairement à ce qui est d'usage aux Etats-Unis.
Infos pratiques
Estela
47 E Houston St, New York (États-Unis)
Ouvert tous les jours pour dîner du dimanche au jeudi (17h30 à 00h), le vendredi et samedi (17h30 à 01h). Brunch le samedi et dimanche (11h à 14h30).
http://estelanyc.com