Boukhara Amelot (Paris), découverte de la cuisine ouzbèke
Vous l'aurez compris à travers ce blog, l'un de mes dadas culinaires est la découverte de gastronomies méconnues. Je vous propose aujourd'hui un voyage en Asie Centrale et plus précisemment en Ouzbekistan, à travers la découverte de l'un des rares restaurants français dédié à cette cuisine aux influences orientales, Boukhara Amelot (une seconde adresse parisienne a été ouverte au 37 rue Trévise dans le IXème).
Ouverte en 2008, rue Amelot à Paris par Saïdjon et Andreï, cette "Tchaïkhana" (petit restaurant populaire typique de cette ancienne république soviétique) doit son nom à l'une des 12 régions de cet état indépendant (depuis 1991), entouré par le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Afghanistan et le Turkménistan. Ce pays en grande partie désertique, dont la capitale est Tachkent, est le plus peuplé de la région avec environ 30 millions d'habitants, à 90% musulmans. Il est surtout connu pour être dirigé par l'un des "pires" tyrans de la planète, Islom Karimov.
Ce petit restaurant, à la décoration très colorée, vous propose de découvrir la cuisine traditionnelle ouzbèke. Il s'agit d'une cuisine simple et rustique mais plutôt savoureuse avec de nombreuses spécialités inspirées par les civilisations qui ont traversé l'histoire du pays. On retrouve notamment de fortes influences perse et turque, voire méditerranèennes.
Avant de m'attarder sur les plats que j'ai pu découvrir chez Boukhara Amelot, je vous propose un petit aperçu des particularités et des plats emblématiques de cette cuisine. L'un des plats nationaux est une préparation commune à toute la région d'Asie centrale, le Osh ou Plov en russe, constitué de riz, agneau, carottes, pois chiche et épices. Le gras de mouton est aussi un produit très apprécié. On le trouve dans beaucoup de plats et notamment le Chachlik, une sorte de brochette où alternent de morceaux de viande et de gras. Ces brochettes sont généralement accompagnées d’oignons crus au vinaigre et d'aneth. Le gras est également consommé en petits morceaux, frits à l'huile de coton et servis à toute heure de la journée. L'huile de coton est une des particularités de cette gastronomie. Il est important de le savoir car cette huile, fort méconnue dans nos contrées, est peu digeste pour nos estomacs occidentaux qui ont besoin d'une petite période d'adaptation ! Les abats de mouton sont également très appréciés avec notamment un plat traditionnel peu ragoûtant, le Kala Potcha (tête et pattes de mouton présentées dans un grand plat avec le coeur, les poumons, les tripes et les rognons). On retrouve aussi des influences asiatiques plus "classiques" avec de nombreux plats à base de pâtes dont les Laghmans, de longues nouilles qui se dégustent en soupe ou sautées, mais aussi les Mantis (grands raviolis farcis de viande, fromage, potiron ou épinards) ou l'Hanoum (sorte de lasagnes au boeuf et aux pommes de terre).
Concernant les boissons nationales, on retrouve là aussi les influences de ses voisins, entre Orient et Asie. Le thé (vert ou noir) est la boisson incontournable. Il est servi à toute heure de la journée et bénéficie comme pour ses proches voisins chinois ou indiens d'un cérémonial quasi religieux. On trouve également l'inévitable vodka apportée lors de l'époque soviétique. Sachez le, la vodka ouzbek est rude, très rude !
Retour maintenant sur ma visite de Boukhara Amelot... Afin de découvrir un maximum de plats, j'ai fait le choix du menu dégustation (27€).
Avant de débuter le repas, j'ai choisi en apéro une "vodka arrangée" aux épices (6€), avec de la cardamone, de la muscade, de la cannelle et quelques autres épices. Très agréable même si, comme le dirait élégamment Jérôme (alias Christian Clavier dans "Les Bronzés font du ski"), "ça débouche les chiottes" !
En entrée, j'ai pris un assortiment de 3 salades : Tamerlan (au centre sur la photo - aubergine grillée, tomate, concombre, oignon, feta et aromates), Atchik-Tchutchuk (en haut à droite sur la photo - salade traditionnelle ouzbèke avec tomate, concombre, oignon et poivre noir) et 4 saisons (en haut à gauche sur la photo - cornichon, poivron mariné, tomate verte marinée et feta). Rien de très exotique dans ces salades, il faut bien le dire, si ce n'est le gros cornichon et la tomate verte marinés qui font penser avec leur goût très vinaigré à des pickles (un classique british que l'on trouve aussi beaucoup en Inde). Frais et léger pour débuter le diner en douceur !
J'ai arrosé mon repas d'une bouteille de Saperavi Tbilvino 2010 (35€), un vin rouge sec - originaire de la région de Kakheti en Géorgie - très correct avec ses notes de fruits rouges.
J'ai poursuivi mon diner avec un assortiment de plats typiques d'Ouzbekistan... du Osh ou Plov en russe (au centre sur la photo - riz, agneau, carottes, pois chiche et épices) ainsi que deux Samsas (en haut sur la photo - chausson en forme de samoussa fourré pour l'un au boeuf et pour l'autre au fromage), deux Mantis (à gauche sur la photo - grands raviolis cuits à la vapeur : boeuf et épinards) et du Hanoum (en bas sur la photo), les lasagnes ouzbèkes cuites à la vapeur au boeuf, pommes de terre et accompagné d'une sauce Turkestan à base de tomates et d'épices. J'ai beaucoup aimé ces préparations qui, si elles ne brillent pas par leur finesse, n'en demeurent pas moins savoureuses. Mention spéciale au Samsa à la viande - avec une pâte feuilletée très réussie et une farce moelleuse et pleine de saveurs - et à l'Osh très parfumé et léger.
Pour finir, un assortiment de desserts avec le Chak-Chak (au centre sur la photo - gâteau croquant au miel avec un coulis de chocolat et caramel) et l'Emir de Boukhara (à gauche sur la photo), spécialité des lieux à base de pâte feuilletée aux raisins, noix et miel servie avec un coulis au chocolat et caramel. Ces deux desserts étaient servis avec de la glace à la vanille. On est clairement sur des pâtisseries de type oriental, savoureuses et parfumées mais aussi très sucrées même s'il la glace apporte un peu de douceur. Rien de transcendant mais très agréable pour finir le repas.
Mon avis : l'accueil fût discret mais chaleureux et attentif. La cuisine, simple et pleine de saveurs, a le mérite de vous faire voyager aux confins de l'Orient et de l'Asie, à petits prix et avec des plats copieux (27€ hors boissons). Une adresse intéressante si vous souhaitez surprendre vos amis et changer des sempiternels italiens, japonais, thaï ou autres marocains.
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Boukhara Amelot
53 Rue Amelot - 75011 Paris
Ouvert tous les jours de 12h à 15h et de 19h à minuit (sauf lundi & dimanche midi)
Tel : 01 43 38 88 40