Buvez la musique avec le pianocktail !
Il y a quelques mois, alors que je zappais frénétiquement pour tenter de trouver un programme acceptable à la télé un vendredi soir, mon attention s'est arrêtée sur l'émission culturelle de France 2, La Boite à Musique de Jean François-Zygel dont le thème était "la musique et la cuisine". Comme souvent dans ces cas là, on regarde d'un oeil sans se faire trop d'illusions sur ce que l'on va voir (surtout quand c'est sur l'une des grandes chaines généralistes). Mais cette fois, j'ai été happé, et même fasciné, par l'une des rubriques de cette émission présentant un instrument de musique rare.
Pourquoi me direz-vous ? et bien parce que l'instrument singulier présenté matérialise une idée que je trouve tout aussi géniale que conviviale et qui est bien sûr en lien avec les plaisirs de la vie que je tente de partager sur ce modeste blog : boire la musique grâce au piano à cocktail !
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Le principe de cet instrument est simple... chaque note du piano est reliée à un tube qui contient alcool et autres adjuvants, créant ainsi une passerelle entre le son et le goût.
Ces différents liquides se déversent alors dans un verre pour un cocktail improvisé qui permet de déguster la musique ou la chanson exécutée par le pianiste, unissant ainsi deux plaisirs sensuels, l'ivresse de l'alcool et celle de la musique... J'adore l'idée !
Découvrez en vidéo la présentation du Pianocktail dans La Boite à Musique de Jean François-Zygel (France2) :
Voici comment Boris Vian présente cet instrument dans "L'Ecume des Jours"...
"- Prendras-tu un apéritif ? demanda Colin. Mon pianocktail est achevé, tu pourrais l’essayer.
– Il marche ? demanda Chick.
– Parfaitement. J’ai eu du mal à le mettre au point, mais le résultat dépasse mes espérances. J’ai obtenu, à partir de la Black and Tan Fantasy, un mélange vraiment ahurissant.
– Quel est ton principe ? demanda Chick.
– À chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’oeuf battu et la pédale faible à la glace. Pour l’eau de Seltz, il faut un trille dans le registre aigu. Les quantités sont en raison directe de la durée : à la quadruple croche équivaut le seizième d’unité, à la noire l’unité, à la ronde la quadruple unité. Lorsque l’on joue un air lent, un système de registre est mis en action, de façon que la dose ne soit pas augmentée – ce qui donnerait un cocktail trop abondant – mais la teneur en alcool. Et, suivant la durée de l’air, on peut, si l’on veut, faire varier la valeur de l’unité, la réduisant, par exemple, au centième, pour pouvoir obtenir une boisson tenant compte de toutes les harmonies au moyen d’un réglage latéral.
– C’est compliqué, dit Chick.
– Le tout est commandé par des contacts électriques et des relais. Je ne te donne pas de détails, tu connais ça. Et d’ailleurs, en plus, le piano fonctionne réellement.
– C’est merveilleux ! dit Chick.
– Il n’y a qu’une chose gênante, dit Colin, c’est la pédale forte pour l’œuf battu. J’ai dû mettre un système d’enclenchement spécial, parce que lorsque l’on joue un morceau trop « hot », il tombe des morceaux d’omelette dans le cocktail, et c’est dur à avaler. Je modifierai ça. Actuellement, il suffit de faire attention. Pour la crème fraîche, c’est le sol grave.
– Je vais m’en faire un sur Loveless Love, dit Chick. Ça va être terrible."
A la fois concert et piano-bar, le pianocktail de Voel Martin est un spectacle, une animation et un clin d'oeil à déguster pour tout événement officiel ou fête officieuse. Les deux expérimentateurs musiciens expliquent le fonctionnement, font de la musique, et invitent les gens à fabriquer eux-mêmes leur cocktails et tout se termine autour d'un verre. La prestation de cette troupe est facturée 1 500€ TTC (hors repas et hebergement des artistes, transport et droits SACEM).