Chez Michel, pionnier de la bistronomie...
La bistronomie - on doit le terme au critique Sébastien Demorand, connu du grand public pour sa participation en tant que jury à l'émission Masterchef - est devenue ces dernières années l'une des tendances majeures de la gastronomie. C'est dans les années 90 que la bistronomie a vu le jour à l'initiative d'Yves Camdeborde, avec La Régalade (ouvert en 1992 pendant 12 ans avant qu'il se lance dans l'aventure du Comptoir du Relais - Paris VIe), grâce au soutien de Christian Constant dont il fût le second au Crillon. Il fût très rapidement suivi par ses acolytes du Crillon comme Thierry Faucher (L'Os à moelle - Paris XVe), Christian Etchebest (Troquet - Paris XVe), Stéphane Jego (L'Ami Jean - Paris VIIe), Thierry Breton (Chez Michel - Paris Xe) et une dizaine d'autres chefs passés par les cuisines du célèbre hôtel parisien. L'objectif de ce courant culinaire était de désacraliser et démocratiser la haute gastronomie en proposant une cuisine de bistrot revisitée à la mode gastro, tout en restant dans des fourchettes de prix accessibles.
Je me suis rendu il y a quelques semaines Chez Michel, propriété du chef Thierry Breton, qui anime presque à lui seul la rue Belzunce (Xème) avec ses deux autres tables : Chez Casimir et son dernier né, La Pointe du Groin, sans oublier son propre fournil où il fabrique de superbes pains qui font le plaisir de ses clients et de nombreux autres restaurants (6€/miche). Cela fait maintenant 15 ans que cet ancien du Ritz, du Fouquet's, de La Tour d'argent, de Lapérouse et bien sûr du Crillon, y propose une cuisine de bistrot revisitée à travers des plats simples et gourmands qui mettent principalement en avant le terroir de sa Bretagne natale, et notamment les produits de la mer ou le gibier, selon les saisons.
Chez Michel offre un cadre de brasserie classique, voire rustique. Pensez bien à réserver car l'espace est plutôt restreint. L'accueil et le service sont plutôt sympas et décontractés, tout en étant efficaces. Vous disposez pour déjeuner d'un menu à 28€ (entrée/plat ou plat/dessert) et pour dîner d'un menu à 34€ (entrée/plat/fromage ou dessert), à choisir parmi une carte de 7 entrées, 7 plats et 8 desserts. La carte des vins est quant à elle intéressante avec une belle offre de vins naturels mais cela reste malgré tout assez cher ! Pour les nomades, vous trouverez aussi un panier picnic pour 2 personnes (52€ : entrée, plat, fromage, fruit, dessert, pain, beurre, cidre ou eaux minérales).
Retour sur un dîner en photos...
Ceviche de maigre et oignons nouveaux, avocat et citron vert. Un ceviche qui n'est pas présenté dans sa forme classique mais qui en a la fraîcheur et les saveurs.
Salade de homard, melon et salicornes (+6€). Un homard bleu de Bretagne excellent qui offre subtilement ses saveurs marines. Une belle entrée en matière !
Joue de boeuf "à la ficelle" et tomates anciennes. La viande est fondante et savoureuse et les tomates juteuses et chargées de soleil.
Filet de grosse rascasse rôti et caviar d'aubergines. Des notes plutôt méditerranéennes pour ce plat goûtu et parfumé.
Sole entière poêlée et courgettes. Une excellent poisson légèrement surcuit mais qui revèle une belle douceur pleine de caractère.
Paris-Brest-Paris "53 heures", saupoudré de noix caramélisées : 53h pour le temps mis par le maître de maison pour parcourir la distance à vélo ! Un grand classique de la maison... agréable même si la pâte était un peu sèche alors que la crème manque pour moi un peu de légèreté !
Crumble aux abricots et rhubarbe. Un dessert frais et parfumé avec une belle acidité.
Nous avons accompagné notre dîner avec un vin des Côtes-du-Rhône : Sainte Epine d'Hervé Souhaut (Domaine Romaneaux-Destezet), cuvée élaborée à partir d’un seul cépage (Syrah). Bien que situé sur l’un des coteaux mythiques de l’appellation Saint Joseph, Hervé Souhaut ne demande pas l’agrément pour ce vin qui défie les standards oenologiques classiques. Une belle découverte ! Nous avons également pris un grand vin de bourgogne très original : un Viré Clessé 2005 - Cuvée E.J.Thevenet (Domaine de la Bongran) élaboré à partir de Chardonnay.
Mon avis : précurseur des néobistrots, cette adresse est devenue au fil des ans une valeur sûre qui propose une cuisine simple, authentique et généreuse. L'ambiance est décontractée. un excellent spot pour une soirée entre amis (si vous êtes 6 ou 8, n'hésitez pas à réserver la petite salle attenante à la salle principale). Le rapport qualité-prix est très convenable même si les nombreux suppléments sur les plats proposés dans le menu peuvent faire gonfler la douloureuse !
Chez Michel
10 Rue de Belzunce, 75010 Paris
Tel : 01 44 53 06 20
ouvert du lundi soir au vendredi soir : 11h45 à 14h30 et 18h45 à 00h
http://restaurant-chez-michel.com