Le Brespail : toute l'Ariège dans un sandwich exclusif
Après le sandwich kurde d'Urfa Durum, le Banh Mi de chez Bulma, le Yiddish sandwich au pastrami de la Boutique Jaune, le sandwich en mode Tonkatsu de l'Abri ou encore le sandwich au homard de Luke's Lobster à New York, je vous propose aujourd'hui de poursuivre ce tour du monde des sandwichs en partant pour une destination moins exotique mais non moins gourmande, l'Ariège, à la découverte du Brespail.
Ce sandwich, dont le nom signifie "casse-croûte" en occitan, est le résultat d'un projet pédagogique expérimental mis en place en 2011 par le Lycée Professionnel François Camel de Saint Girons (Ariège). Imaginé et élaboré par des élèves de 2ème année de CAP, le Brespail revendique son caractère 100% ariégeois à travers la valorisation du patrimoine culinaire local avec l'utilisation de recettes anciennes et de savoir-faire oubliés et bien évidemment l'exploitation de matières premières provenant de producteurs locaux.
Il aura fallu près de deux ans à l'équipe pédagogique et aux élèves pour concrétiser cette démarche à travers la création d'une micro-entreprise de service, des recherches de fonds et la rencontre de nombreux producteurs, le tout avec le soutien du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises et du mouvement Slow Food (dont je suis membre via l'un des trois Conviviums parisiens, en l'occurence "Paris Terroirs du Monde"). Slow Food est une ONG qui se positionne comme une véritable sentinelle du goût pour lutter pour la sauvegarde des produits alimentaires artisanaux de qualité, des méthodes de culture et de production durables et de la biodiversité végétale et animale.
Voici les différents composants du Brespail :
- un pain traditionnel "Rippaille", formé de plusieurs boules détachables pour faciliter la dégustation. Ce pain, élaboré à partir d'anciennes recettes à Saint-Girons, est en fait le seul élément qui n'est totalement ariégeois puisqu'il est réalisé à partir de farines bio de seigle, de blé et d'épeautre du Moulin de Barrau, situé à Montesquieu Volvestre en Haute-Garonne.
- la viande Casta, une race de vache locale en voie d'extinction originaire du Couserans, dont il ne reste qu'un peu plus de 400 têtes (ce projet concourt d'ailleurs à sa valorisation et à sa sauvegarde). Il n'existe que 11 éleveurs de Casta en Ariège. Cette race, parente éloignée de la Lourdaise, est difficile à élever car elle donne peu de naissances et ne se reproduit pas avant 3 ou 4 ans. La viande proposée dans le Brespail est issue de la Ferme d’Ussau, de Sandrine et Jean-Christophe Dangla, à Betchat.
- une sauce à base de miel d'acacia du parc naturel régional (produit par Max More, apiculteur à Seix) et de safran bio d'Ariège de Johan Martinez à Loubens.
- de la roquette et des carottes oubliées (jaunes et rouges) de Terroirs Ariège à Foix,
- de la Tomme des Pyrénées fermière au lait de chèvre (GAEC de Mondély) de chez Eric Wion à La Bastide-de-Sérou.
C'est à l'occasion de la venue à Paris des élèves et de l'équipe pédagogique (pour présenter le Brespail au Sénat) que j'ai eu le plaisir de découvrir lors d'un événement - organisé par mon Convivium - ce sandwich traditionnel et moderne à la fois, qui s'accompagne soit de jus de fruits bio du Parc Naturel Régional (pomme-coing sur la photo ci-dessus)...
... soit de vin rouge d’Ariège (Coteaux d’Engraviès sur la photo ci-dessus)...
... ou bien encore de la Carabell, une bière ambrée traditionnelle de la brasserie artisanale d'Ariège Pyrénées de la famille Faux à Saint-Girons.
Mon avis : Le goût est au rendez-vous avec une viande fine et goûteuse et les notes sucrée-salée de la sauce subtilement safranée. Moi qui ne suis pas un grand amateur de fromage de chèvre, je regrette un peu que la tomme s'impose autant ! Quoi qu'il en soit, l'initiative d'impliquer la jeune génération "fast-food" dans un tel projet de valorisation du patrimoine local est réjouissante !